jeudi 23 août 2007

Du côté de chez Colette...

" Rose Abraham Darby"

Non, pas l'enseigne chic, urbaine et branchée de notre capitale, mais cette flamboyante Femme de Lettres grâce à laquelle j'ai appris à lire à cinq ans en déchiffrant "Claudine à l'école"et aussi à être attentive à chaque sensation...

Si j'ai du mal à cueillir les fleurs du jardin, vous offrir une rose juste épanouie est un plaisir, même si je regrette que son parfum cossu avec une pointe de cire, telle une pivoine, ne parvienne jusqu'à vous...

"Sido" répugnait à toute hécatombe de fleurs. Elle qui ne savait que donner, je l'ai pourtant vue refuser les fleurs qu'on venait parfois quêter pour parer un corbillard ou une tombe. Elle se faisait dure, fronçait les sourcils et répondait "non" d'un air vindicatif.

-Mais c'est pour le pauvre M. Enfert, qui est mort hier à la nuit ! La pauvre Madame Enfert fait peine, elle dit qu'elle voudrait voir partir son mari sous les fleurs, que ce serait sa consolation ! Vous qui avez de si belles roses-mousse, Madame Colette...

-Mes roses-mousse! Quelle horreur! Sur un mort!

Après ce cri, elle se reprenait et répétait :

-Non. Personne n'a condamné mes roses à mourir en même temps que M. Enfert.

Colette "Sido - Les Vrilles de la vigne"

8 commentaires:

  1. Oh Lena, mais je ne savais pas que sous le figuier on pouvait maintenant lire votre plume!
    Je reviens tout à l'heure avce plaisir!

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  2. Léna, c'est chouette de te lire !
    J'ai franchement ri, mais c'est vrai après tout, qui a le droit de décider de l'heure de leur mort? Je sens parfaitement l'odeur que tu décris figure-toi ! SI SI !

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  3. En vous lisant (quel plaisir à chaque fois) je me rends compte d'une contradiction : je ne peux pas enlever une rose à son rosier et pourtant, j'aime tant lorsqu'on m'en offre...
    La Sudiste

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  4. Ce ne sont pas les mêmes. Celles de Léna ont une histoire et je ne peux pas non plus les arracher à leur vie.
    Les nôtres ont été "faites pour", chez le fleuriste.
    Je présume que la différence vient de là ?
    ps : je précise que, sur la photo, celle de droite est la mienne : ON N'Y TOUCHE PAS DONC.

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  5. Je la comprends Sido, pourquoi les cueillir alors qu'elles vivent bien plus longtemps sur les rosiers? Bien sûr il y a les gens des villes, qui passent et en demandent. Alors on leur en donne, un peu.

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  6. Moi, j'aimerais celle qui se cache derrière à droite, s'il-te-plaît. Je n'ai plus de roses thé et les David Austin ne survivraient pas à nos hivers. J'ai donc les rugosas. Et j'ai une longue histoire de cueilleuse de fleurs qui a débuté dans ma plus tendre enfance, au grand dam de la dame anglaise qui habitait à côté et qui ne m'a jamais pardonné d'avoir cueilli ses rares tulipes. Mais comment pouvais-je savoir qu'il ne fallait pas prendre les bulbes? Pourquoi est-ce que j'aime ma mère? Elle ne m'a jamais grondée de les lui avoir offertes, ces tulipes, et elle s'est démenée avec la voisine ;-D

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  7. Patoumi, un bonheur de vous voir ici...

    Regardeuse, Colette, c'est comme Jane Austen pour moi! A des époques très conventionnelles et guindées, elles imposent leur différence, de manière douce pour J.A. et forte, tonitruante, pour Colette Chérie.

    La Sudiste, suis émue de vous lire au point de souhaiter vous en offrir une pleine brassée...

    Gracianne, tu me rappelles mon père, il y a longtemps, qui était venu me dire un petit bonjour avec une énooooorme brassée de lilas blanc, j'ai eu un gros doute en le voyant et j'ai regardé par dessus son épaule, pour voir le pauvre arbuste décimé près du portail!!! J'ai gardé vaillamment un pauvre sourire...

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  8. Chat bleu, trop mignonne cette histoire, j'imagine la petite fille qui tient dans ses mains de belles tulipes accrochées à leurs bulbes terreux. Ah les mamans, derniers remparts contre la dureté du monde!

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